Le scandale de l’activité privée à l’hôpital public

Alors que l’hôpital public rencontre de plus en plus de difficultés pour remplir sa mission et accueillir les patients, la minorité de médecins exerçant une activité privée dans ces établissements a entamé une grève administrative ultra corporatiste pour défendre des avantages inadmissibles.

Quel est le motif de leur courroux ?

Il leur est demandé de verser une partie plus importante des revenus tirés de cette activité à l’hôpital où ils exercent. Quoi de plus normal, alors qu’ils utilisent pour exercer cette
activité privée les locaux, le personnel et le temps pendant lequel ils sont payés par l’hôpital !
Depuis de nombreuses années, la CGT demande la suppression de cet avantage offert aux médecins du service public hospitalier. En effet, si cette mesure pouvait se justifier en 1958 lors de la mise en place des CHU pour attirer des médecins renommés à l’hôpital, ce
mécanisme a aujourd’hui été dévoyé et entraîne une inégalité de traitement entre les patients. Cet argument a d’ailleurs été utilisé par le Conseil d’État, il y a quelques années, pour refuser le renouvellement d’autorisation d’exercer cette activité pour un médecin du CHU de Limoges.
Par ailleurs, un rapport de la Cour des comptes présenté en 2006 par Philippe Séguin a dénoncé les multiples abus sur lesquels les instances de contrôle, notamment les directions hospitalières, fermaient les yeux.
Un seul exemple est éclairant : en 2005, plus de 100 médecins de l’AP-HP déclaraient des revenus annuels dépassant 100 000 € et un médecin dépassait même 1 000 000 € !
Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la pratique des dépassements d’honoraires qui a tendance à se généraliser chez les spécialistes en ville.
A l’hôpital, lorsque vous appelez pour prendre rendez-vous, il n’est pas rare de se voir demander si l’on souhaite consulter dans le « privé » ou dans le « public ». Pour forcer la réponse, on vous annonce un différentiel de délai de plusieurs semaines, voire de plusieurs
mois en faveur du privé. Mais on ne vous dit pas, au moment de la prise de rendez-vous, qu’il y aura un surcoût si vous choisissez le privé.
Ce mouvement prend en otage les personnels administratifs des hôpitaux à qui on demande, avec parfois la complicité des directions des hôpitaux, de ne pas saisir les
dossiers des patients examinés dans le cadre de l’activité privée.
La conséquence est une perte de recettes pour les hôpitaux qui sont actuellement en « déficit » pour près de 80 % d’entre eux. D’autre part, à la fin de ce mouvement, on demandera à ces mêmes personnels de combler le retard accumulé !
Enfin, cerise sur le gâteau, les « grévistes » ont été cordialement reçus il y quelques jour par le conseiller du Président de la République chargé des questions de santé. Comment s’en étonner quand on sait que cette catégorie de médecins hospitaliers est celle qui est proportionnellement à son poids démographique, la mieux représentée dans les instances électives, notamment à l’Assemblée Nationale.
Nous interpellons la Ministre de la Santé et la Président de la République afin qu’ils fassent appliquer la loi et qu’ils prennent des sanctions contre les médecins qui ne respectent pas les modalités réglementaires de fonctionnement.