La santé n’est pas une marchandise : le scandale de la filière VIP de l’AP-HP

9 août 2012 / Fédération Santé Action sociale

Par voie de presse, l’AP-HP vient d’annoncer la mise en place d’une filière particulière d’accueil de riches patients étrangers, avec un objectif de recettes espérées de 1 million d’euros dans un premier
temps. L’argumentation avancée est particulièrement choquante et relève du plus pur marketing des entreprises de services.

L’Union Syndicale CGT de l’AP-HP et la Fédération CGT de la santé et de l’action sociale tiennent à réaffirmer haut et fort que l’AP-HP est un service public, dont la mission est de traiter l’ensemble des patients accueillis sur un pied d’égalité. La mise en place de cette filière particulière s’ajoute au scandale de l’activité privée permettant aux patients pouvant payer, de bénéficier de consultations et
d’hospitalisations dans des conditions privilégiées.

Cette initiative est d’autant plus scandaleuse que la situation de fonctionnement de l’AP-HP s’est fortement dégradée ces dernières années avec, comme le souligne le rapport sur le bilan social 2011, la
suppression de près de 4000 postes de personnel non médical entre 2009 et 2011. Alors que la Direction générale de l’AP-HP s’était toujours défendue de supprimer des postes de personnel soignant, le rapport
est sans appel avec une diminution des effectifs de cette catégorie de 5,14 % sur cette période (chiffres disponibles en ligne sur le site de la CME de l’AP-HP). Par ailleurs, cette annonce coïncide avec la publication du projet de fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu conduisant à la disparition de cet établissement historique du coeur de Paris.

Les conséquences pour les patients sont visibles au quotidien, avec la fermeture de lits dans les services et les hospitalisations sur des brancards dans les services d’urgence. Pour les personnels, cette situation se traduit par des conditions de travail dégradées conduisant à l’épuisement professionnel, puis une fuite vers le secteur privé ou une activité libérale.

Si des coopérations avec des pays étrangers pour l’accueil de patients ne pouvant se faire soigner dans leur pays d’origine constitue une des missions anciennes de l’hôpital public, notamment des CHU, la sélection des patients selon leur compte en banque est inacceptable.

En conséquence, nous demandons que les tutelles, entre autre l’ARS d’Ile-de-France et le Ministère de la santé, exigent que l’AP-HP respecte les règles en ce qui concerne les missions de service public. Cela
nécessite l’annulation de ce dispositif VIP au profit de mécanismes de coopération négociés avec les différents pays qui le souhaitent et la suppression de l’activité privée.