Justice : La lanceuse d’alerte relaxée.

22 novembre 2017

Céline Boussié, l’ancienne aide médico-psychologique, est lavée de toute accusation en diffamation par le tribunal de Toulouse.


Poursuivie en diffamation pour avoir révélé des maltraitances sur des enfants polyhandicapés, elle a été blanchie hier par le tribunal de Toulouse.

L’énoncé du jugement a été salué par de longs applaudissements, provoquant la colère de la présidente du tribunal. Mais la relaxe de Céline Boussié est une décision inédite. L’ancienne aide médico-psychologique, qui a révélé la maltraitance sur des enfants polyhandicapés à l’institut Moussaron à Condom (Gers), est lavée de toute accusation en diffamation par le tribunal de Toulouse. La direction du Moussaron, partie civile, est déboutée. Les trois lanceurs d’alerte qui, avant Céline Boussié, avaient fait état des mêmes maltraitances avaient, eux, été condamnés en diffamation. En creux, la relaxe de l’ancienne salariée du Moussaron – de 2008 à 2013 – accrédite les graves faits reprochés à cet établissement. « La posture de Céline Boussié est consacrée par le tribunal correctionnel de Toulouse », se félicite l’un de ses avocats, Me Loïc Padonou. Un jugement sans doute définitif car le parquet, qui n’avait rien requis contre la jeune femme, ne fera pas appel.

Entourée de ses deux filles, de son comité de soutien, du syndicat CGT, Céline Boussié, ovationnée et très émue, a exprimé une pensée pour les lanceurs et lanceuses d’alerte du Moussaron « injustement condamnés », en particulier Bernadette Collignon, présente hier au tribunal. « Ma relaxe, poursuit Céline Boussié, c’est reconnaître la souffrance des enfants. Il a fallu vingt ans pour obtenir justice. »

Dès 1995, un salarié du Moussaron tirait la sonnette d’alarme en évoquant de mauvais traitements sur des enfants particulièrement vulnérables. Malgré des rapports administratifs très sévères et la nomination d’un administrateur provisoire en 2014, la situation a peu évolué derrière les hauts murs de cet institut privé à but lucratif, fondé et dirigé par les médecins Alain et Joëlle Doazan, avant d’en confier les rênes à leur fille Aurélie. La décision du tribunal de Toulouse va-t-elle changer la donne au Moussaron ? Le quotidien des quatre-vingts enfants en sera-t-il modifié ? On prête à la famille Doazan l’intention de vendre l’institut Moussaron tout en restant propriétaire des murs.

La relaxe prononcée hier « est un message d’espoir magnifique pour les travailleurs sociaux et les lanceurs d’alerte, poursuit Céline Boussié. La parole doit se libérer, c’est un combat pour l’humain ». Les trois lanceurs et lanceuses d’alerte condamnés dans l’affaire du Moussaron peuvent-ils être réhabilités ? C’est une question que se posent les avocats de Céline Boussié avant d’engager une éventuelle procédure.

(source, l’humanité)